SC
Séverine Chavrier
Directrice de la Comédie
Le souffle sur les planches
Zigzagant comme un solo du pianiste de jazz Keith Jarrett. Séverine Chavrier, 48 ans, dirige depuis cet été la Comédie de Genève. Adolescente, elle rêvait à une vie de virtuose au Conservatoire de cette ville. Le piano accaparait la jeune fille qui habitait alors Annemasse. Classique, Séverine? Oui, mais jusqu’à la tombée du jour. Elle se faufilait alors dans les squats genevois où des artistes en rupture tiraient le fil de leur dissonance.
C’est ainsi que cette intellectuelle se construit, de lectures qui sont des entailles – l’auteur Thomas Bernhard notamment – en ravissements nocturnes. Ses spectacles qu’on dit timbrés sont le reflet de ces passions: ils entrelacent les partitions, musicales et poétiques. Séverine Chavrier quitte Orl��ans où elle dirigeait depuis 2017 le Centre dramatique national.
Personne ne l’imaginait vraiment à la Comédie, ce cargo qui pèse de tout son poids sur la vie théâtrale romande et européenne. La pianiste de jadis se fera cheffe d’orchestre. Elle veut créer, dit-elle, de nouvelles arches entre les artistes de la région et de l’étranger. Son clavier zigzague sans frontières. Le bon souffle du jazz, sa liberté bien ordonnée.
Alexandre Demidoff
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