MA
Marie-Jo Aeby
Cofondatrice du Groupe Sapec
La voix des sans-voix
Il y a des mains solides qui aident à s’extirper de la douleur. Pour de nombreuses personnes victimes de violences sexuelles en contexte religieux, Marie-Jo Aeby a été cette poigne qui relève, cette oreille qui écoute ou cette épaule qui soulage. Si elle sait si bien ce qu’elles traversent, c’est que la Vaudoise a elle-même vu son adolescence confisquée par un homme d’Eglise. En 2010, quand elle réalise que la voix de ceux qui ont subi les assauts des clercs n’est toujours pas entendue, elle cofonde, avec Jacques Nuoffer, une association romande de soutien: le Groupe Sapec.
Les combats sont difficiles. Marie-Jo Aeby fait face au mutisme de l’Eglise, à la minimisation du problème. C’est un investissement total, bénévole, qui finira par payer: les victimes d’abus sont peu à peu prises au sérieux. Le Sapec œuvre à la création d’une Commission indépendante et neutre d’écoute, de conciliation, d’arbitrage et de réparation: la Cecar. Et en 2023, la vérité tombe comme une bombe. L’Université de Zurich publie une étude sur les abus commis au sein de l’Eglise catholique suisse. L’ampleur est sidérante, la loi de l’ignorance et de la dissimulation aussi. Marie-Jo Aeby, elle, lâche une larme. «Des historiens disaient ce que l’on ne cessait de répéter depuis de longues années.» Depuis quelques mois, elle a passé la main (du comité du Sapec). Mais elle continue de tendre la sienne.
Agathe Seppey
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