LD
Laetita Dosch
Comédienne, dramaturge et réalisatrice
La part animale
Est-ce parce qu’à Paris, elle a grandi avec un grand-père ornithologue qui soignait les oiseaux blessés à la maison et possédait la plus grande collection d’œufs d’Europe? Ou parce que ce même grand-père, chasseur, clouait les animaux morts au mur, en guise de trophées? En tous les cas, Laetitia Dosch, 44 ans d’exploration sans limite, voue une passion ardente à nos amies les bêtes. Elle l’a prouvé en beauté à deux reprises. Dans Hate, créé à Vidy-Lausanne en 2018, celle qui rapproche féminisme et antispécisme a joué nue aux côtés d’un vrai cheval, un étalon nommé Corazon, auquel elle parlait et qui lui répondait. L’enjeu de leur dialogue? Examiner «la domination et la destruction liées à toute relation». Plus près de nous, la comédienne, qui est aussi metteuse en scène, a réalisé un premier film qui s’est distingué au dernier Festival de Cannes. On comprend pourquoi. Dans Le Procès du chien, Laetitia Dosch confère un statut juridique à l’animal de sorte que, ayant mordu une femme au visage, Kodi, c’est son nom, puisse bénéficier d’une vraie instruction. Magnifique manière d’interroger la séparation entre l’homme pensant et l’animal machine établie par Descartes au XVIIe siècle. Pour l’artiste qui a fait ses classes à La Manufacture, Haute Ecole de théâtre de Suisse romande, il serait temps d’abattre ces archaïques barrières.
Marie-Pierre Genecand
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